Face à une maladie invalidante ou un handicap, la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) joue un rôle essentiel dans la reconnaissance des droits et l’attribution d’aides spécifiques. Cet organisme évalue les situations au cas par cas, en fonction de critères précis qui déterminent le taux d’incapacité. Selon les données officielles de 2024, plus de 3 millions de personnes bénéficient actuellement d’une reconnaissance de handicap en France. Nous visitons dans ce texte les maladies reconnues par la MDPH, les critères d’évaluation et les droits qui en découlent.
Qu’est-ce qu’une maladie invalidante selon la MDPH ?
La notion de maladie invalidante s’inscrit dans le cadre légal défini par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances. Cette législation considère comme handicap « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »
Il est important de distinguer le handicap de l’invalidité. Le premier affecte tous les aspects de la vie quotidienne d’une personne, tandis que la seconde concerne principalement le domaine professionnel et la capacité de travail. Cette distinction est fondamentale pour comprendre comment la MDPH évalue les situations individuelles.
Pour être reconnue comme invalidante, une maladie doit généralement entraîner une gêne significative dans la vie quotidienne pendant une durée d’au moins six mois. Les affections peuvent être chroniques, évolutives ou stabilisées. La reconnaissance du handicap n’est pas automatique et nécessite une évaluation personnalisée qui tient compte de multiples facteurs, au-delà du simple diagnostic médical.
Cette reconnaissance ouvre droit à différentes aides et prestations, variables selon la gravité du handicap et les besoins spécifiques de la personne. Les systèmes de protection sociale comme les mutuelles santé pour les travailleurs indépendants peuvent également intervenir en complément des dispositifs proposés par la MDPH.
Liste des 30 maladies reconnues par la MDPH
La MDPH ne dispose pas d’une liste officielle et exhaustive des maladies reconnues comme handicapantes. Chaque situation est évaluée individuellement en fonction de l’impact de la pathologie sur la vie quotidienne et professionnelle. Néanmoins, certaines affections sont fréquemment reconnues comme invalidantes. Voici les principales maladies généralement prises en compte par les MDPH :
- Maladies neurologiques : Sclérose en Plaques, Maladie de Parkinson, Épilepsie, Sclérose Latérale Amyotrophique
- Troubles du neurodéveloppement : Autisme, Syndrome de Down (Trisomie 21)
- Maladies neurodégénératives : Maladie d’Alzheimer, Dystrophie Musculaire
- Troubles rhumatologiques : Polyarthrite Rhumatoïde, Fibromyalgie
- Troubles psychiatriques : Trouble Bipolaire, Schizophrénie, Troubles Obsessionnels Compulsifs, Dépression Majeure, Trouble de Stress Post-Traumatique
- Maladies chroniques : Maladie de Crohn, Diabète de Type 1 et 2, Cancer, Asthme Sévère
- Affections cardio-vasculaires : Maladies Cardiaques Congénitales
- Déficiences sensorielles : Surdité, Cécité
- Autres affections : Syndrome d’Ehlers-Danlos, Lupus Érythémateux Systémique, Syndrome de Gilles de la Tourette
Cette liste n’est pas limitative. D’autres pathologies comme la dyslexie, la dyspraxie, l’agoraphobie, les migraines chroniques ou les troubles du déficit de l’attention peuvent également être reconnues si leur impact sur la vie quotidienne est significatif. Les maladies respiratoires graves, les affections digestives sévères ou encore les troubles musculo-squelettiques sont aussi susceptibles d’être considérés comme invalidants.
Les critères d’évaluation du handicap par la MDPH
L’évaluation du handicap par la MDPH repose sur une approche globale et multidimensionnelle. Une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, ergothérapeutes, psychologues et travailleurs sociaux examine chaque dossier pour déterminer le taux d’incapacité et les besoins spécifiques de la personne. Cette évaluation prend en considération plusieurs critères fondamentaux.
La capacité fonctionnelle dans les activités quotidiennes constitue l’un des principaux critères. L’équipe évalue comment la maladie affecte les gestes essentiels comme se laver, s’habiller, préparer les repas ou se déplacer. Elle s’intéresse également à l’impact sur l’activité professionnelle, en analysant la capacité de travail et les aménagements de poste potentiellement nécessaires.
Le besoin d’accompagnement humain ou technique est aussi pris en compte. Certaines personnes nécessitent l’aide d’un aidant familial ou de professionnels, tandis que d’autres peuvent maintenir leur autonomie grâce à des équipements spécifiques. L’évaluation intègre également le caractère évolutif ou stable de la pathologie, ainsi que la lourdeur des traitements et leurs effets secondaires.
L’impact psychologique de la maladie ne doit pas être négligé. Dépression, troubles de l’humeur ou anxiété peuvent significativement aggraver la situation de handicap. Par ailleurs, la durée du handicap constitue un critère déterminant – il doit persister depuis au moins 6 mois ou être susceptible d’évoluer sur une longue période.
Ces critères permettent d’établir un taux d’incapacité exprimé en pourcentage. Un taux entre 50% et 79% correspond à des troubles entraînant une gêne notable dans la vie sociale, mais préservant l’autonomie. Un taux de 80% et plus indique des troubles graves qui impactent significativement l’autonomie. Les dispositifs de prévoyance, qu’ils soient civils ou militaires, peuvent compléter les aides de la MDPH selon la situation personnelle.
Droits et aides associés à la reconnaissance du handicap
La reconnaissance d’une maladie invalidante par la MDPH ouvre droit à différentes prestations et aides. L’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) constitue l’une des principales aides financières. En 2024, son montant maximal atteint 971,37 euros par mois. Les conditions d’attribution varient selon le taux d’incapacité :
Pour un taux d’incapacité entre 50% et 79%, l’AAH est généralement accordée pour 1 à 2 ans, jusqu’à 5 ans si l’état de santé n’évolue pas positivement. Avec un taux d’au moins 80% et une incapacité non permanente, elle peut être attribuée pour 1 à 10 ans. Dans le cas d’une incapacité permanente à 80% ou plus, l’allocation peut désormais être accordée à vie depuis les réformes récentes.
D’autres dispositifs sont également accessibles comme la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) pour financer des aides humaines ou techniques, ou encore la Carte Mobilité Inclusion avec ses différentes mentions (invalidité, priorité, stationnement).
Pour constituer un dossier MDPH efficace, nous recommandons de consulter son médecin traitant pour obtenir un certificat médical détaillé, de rassembler tous les documents médicaux pertinents, et d’expliquer clairement dans le « projet de vie » l’impact de la maladie sur le quotidien. Le soutien d’une assistante sociale ou d’associations spécialisées peut s’avérer précieux dans cette démarche administrative parfois complexe.